Depuis l’aube du thé, il fait partie intégrante de la culture chinoise. Cheng Nung, « Dieu de l’agriculture », inventa au début du 3ᵉ millénaire avant notre ère, l’agriculture et la médecine par les plantes. Un jour qu’il avait goutté 72 plantes, qu’ils lui avaient alourdis tout le corps, il s’assit contre un arbre pour se reposer. Quelques jeunes feuilles tombèrent sur lui. Il les goûta, en apprécia la suave saveur et fut étonné de retrouver toute son énergie.
C’est ainsi que commença, la longue histoire du thé. Mais, c’est bien plus tard, au 8ᵉ siècle de notre ère, pendant la dynastie Tang (618-907 après J-C), que le thé devient un art, au même titre que la poésie, la calligraphie et la peinture, qu’il accompagne à chaque création. Le premier poète à s’être inspiré du sujet est Li Po (701-762), pour remercier son neveu le moine ch’an Chung Fu, qui lui a offert du thé « la main d’immortel », de la source de jade dans le Ching Ling.
J’ai souvent entendu parler de la montagne de la Source de jade
dans la montagne il y a des grottes et des stalactites.
Les théiers poussent au milieu des rochers
où des sources de jade coulent sans cesse.
Racines et branches sont aspergées par les gouttes parfumées,
qui lorsqu’on les boit, tonifient chair et os.
Les feuilles vertes des vieux théiers sont enroulées,
sur les branches enchevêtrées.
On les sèche au soleil et les façonne en main d’immortel,
comme pour donner une tape sur l’épaule de l’immortel de la Grande falaise.
Le monde entier n’a jamais vu chose pareille
qui a fait connaitre son nom ?
Un membre remarquable de ma famille, disciple du ch’an
il m’a dédié un poème, une superbe composition.
La mienne à côté est telle, la laideronne Wu yan, qui tenant une bougie devant le miroir clair,
ressentait tant de honte en songeant à la belle Si Shih.
Ce matin, assis, de ce thé ressentant encore le bienfait,
longuement, je chante pour en faire l’éloge sous les multiples cieux.
Li PO
’est également sous la dynastie Tang, que vécurent deux grands poètes ayant une influence sur l’histoire du thé. Lu Yu (733-804), surnommé le « Génie du thé », créateur du célèbre Classique du thé. Il fut abandonné par ses parents à l’âge de trois ans, puis élevé par le maître ch’an du temple protégé par le dragon. Le classique du thé aborde la description des théiers et de leurs lieux de culture, des outils nécessaires à sa cueillette, des méthodes de cueillette et processus de transformation des feuilles de thé, des modes et ustensiles d’infusion, des lieux où trouver les meilleures sources d’eau, de même que les caractéristiques et propriétés de nombreuses variétés de thé. Le second grand personnage du thé est le poète Lu Tung (795-835) surnommé « Fou du thé », qui reste célèbre par son poème pour remercier le censeur de Meng, de lui avoir envoyé du thé nouveau.
Extrait :
L’écume blanche scintille, sa lumière se concentre à la surface de la tasse
la première tasse humecte lèvre et gosier
la deuxième tasse chasse solitude et mélancolie
la troisième tasse va fouiller mes entrailles desséchées,
n’y trouvant que cinq mille rouleaux décrits
à la quatrième tasse transpire une légère sueur
les contrariétés de toute ma vie,
par tous les pores de ma peau, se dissipent
la cinquième tasse purifie chair et os
la sixième tasse me fait communier avec les immortels
la septième tasse, peut être n’aurais-je pas dû la boire
aussitôt un vent frais naît sous mes aisselles
LU TUNG
À l’époque des Tang, le thé le plus réputé vient de Yang hsien dans la province du Jiangsu près de Shangai, c’est d’ailleurs le premier à être soumis au tribut impérial, pratique qui s’amplifiera au fil du temps.
Le thé à une grande influence sur la poésie asiatique, mais également un peu plus tard sur les écrivains européens et du monde entier.